Comment dresser un bovin de concours en sécurité ? (bis)
Les concours bovins permettent de donner de la plus value à sa production.

Le matériel nécessaire
- Un stockyard solide avec plusieurs carrés pour optimiser la gestion du travail.
- Une grande coulisse : idéale pour attacher plusieurs animaux en même temps.
- Un licol, une longe en corde et un lasso en corde (ou une longe) avec un nœud qui coulisse.
- Chaussures sécurité + gants.
- Brosse à parer.
- Un stick pour la désensibilisation.
- Un abreuvoir (fixe ou déplaçable).
La méthode de travail
Le secret ?
- Ne pas se fixer d’objectifs à atteindre mais des principes à respecter.
- Ne pas aller trop vite et s’y prendre assez tôt dans la vie du bétail (optimal chez un veau de 2 semaines à 1 an).
Afin d'espérer avoir un animal réceptif à ce qu'on lui demande de faire, il faut suivre une méthode basée sur 3 étapes clés qui doivent être réalisées dans l'ordre.
La confiance
PETIT RAPPEL
Le bovin est un herbivore ce qui veut dire une proie au sein de la chaîne alimentaire. Face au danger son instinct le pousse soit à fuir ou bien à se mettre en troupeau (instinct grégaire) près de l’individu alpha du groupe, qui joue un rôle de protecteur. L’idée est donc de faire en sorte que l’animal nous perçoive non pas comme un prédateur mais comme un leader.
C’est l’étape la plus importante si on veut un animal serein. Elle est assez difficile à réaliser et est plus ou moins longue selon les individus.
OBSERVER
Observer son comportement et essayer de connaître le tempérament de l’individu qui se trouve en face de nous.
Trois possibilités : une bête méchante, peureuse ou dans le meilleur des cas curieuse :
- Animal méchant : Ne perdez pas votre temps, il sera beaucoup plus difficile à éduquer et pourrait vous blesser.
- Animal peureux : Utilisez beaucoup de douceur, ne pas être trop exigeant au départ.
- Animal curieux : Agréable à travailler puisqu’il est naturellement courageux, donc plus réceptif.
Attention par contre à ne pas trahir sa confiance.
LE 1ER CONTACT PHYSIQUE
« Je ne te veux aucun mal » : c’est l’impression que vous devez lui donner lorsque que vous allez le désensibiliser. Pour cela :
- À l’aide d’une bonne coulisse, attachez votre animal au licol et au lasso (avec un nœud qui se relâche immédiatement à la cession), pour que celui-ci ne puisse pas s’enfuir ni en avant ni en arrière.
- Lorsque votre bovin est sécurisé, commencez la désensibilisation, à l’aide d’un stick, caressez toutes les parties du corps, de la tête à la queue en ne négligeant aucune zone.
Au début, votre bovin sera en situation d’inconfort, il va chercher à se défendre. Il faudra alors être patient et persévérer jusqu’à ce qu’il comprenne que vous ne lui voulez aucun mal. Quand celui-ci se calme arrêtez immédiatement de le solliciter, c’est du renforcement positif.
L'acceptation
Lorsqu’on a réussi à avoir un animal confiant, qui se laisse toucher sans s’agiter, on peut procéder à la 2ème étape. C'est la plus physique, elle consiste à lui faire accepter le contact prolongé de l’homme de plus en plus près, de plus en plus longtemps et dans un espace plus « ouvert ». L’animal doit à terme ne plus chercher à vous fuir mais au contraire vouloir rester près de vous (vous devenez alors son « leader »).
LA 1ÈRE SORTIE EN MAIN
Il est temps de sortir la « bête » !
Principe : réussir à canaliser son animal jusqu’à ce qu’il accepte d’être tenu en main près de vous, sans chercher à vous fuir ou à vous charger.
Attention : on ne lui demande pas encore d’avancer mais simplement de rester tranquille à vos côtés.
Pour optimiser les chances de réussite, il vous faudra :
- avoir une bonne condition physique
- être prêt mentalement
- avoir un bon camarade
Au final, lorsque votre animal répond favorablement à votre requête, c’est qu’il commence à vous respecter.
L’ATTACHE ET LES CARESSES
Afin de renforcer le travail sur le respect, attachez de nouveau votre bovin mais cette fois-ci en dehors de la coulisse. Profitez de ce moment pour continuer à désensibiliser votre animal.
Le doucher permet également de faire redescendre la « pression ».
Continuez le travail jusqu’à obtenir un animal calme et respectueux.
La compréhension
C'est un moment assez subtil. En effet, lors de cette opération, on va essayer de faire comprendre à un individu (animal proie) d’exécuter un ordre (ex : marcher au licol) alors qu'il n’utilise pas les mêmes codes de communication que nous (humain prédateur). Les animaux étant dépourvus de parole, ils communiquent entre eux, notamment à travers les mouvements du corps et de leur positionnement par rapport à un autre individu.
C’est pourquoi il est important de savoir observer l’animal et être capable de détecter les signaux qu’il nous envoie afin de réagir au bon moment (le timing).
LA MARCHE SUIVIE
A présent que nous avons un bovin qui a confiance et qui nous accepte, il va falloir lui faire comprendre ce qu’on attend réellement de lui. C’est-à-dire qu’il suive en main de façon naturelle.
Principe : rendre la situation agréable quand le bovin doit effectuer l’action que l’on souhaite, et à l’inverse mettre le bovin dans l’inconfort quand il ne doit pas le faire.
Pour cela, vous pouvez effectuer des exercices basés sur :
« pression (je tire ou je pousse) = cession (il vient ou il part) = arrêt de la pression (j’arrête de tirer ou de pousser) ».
Exemple : quand vous allez tirer sur la longe pour demander à votre bovin de marcher, dans un premier temps dès que celui-ci fait même semblant d’avancer, arrêter immédiatement de tirer et faites un pas en arrière.
L’idée est qu’il comprenne que s’il avance vous arrêtez de l’embêter en tirant sur la longe.
C’est pour cela que relâcher immédiatement la pression dès que l’animal cède est très important. Au fur et mesure des répétitions et en fonction de comment réagit votre animal, vous devenez de plus en plus exigeant en demandant à chaque fois un peu plus (un pas, ensuite deux, et puis trois, etc.).
DERNIERS CONSEILS
- Le placement d’un anneau nasal par votre vétérinaire peut également aider pour la présentation en main, en ayant 2 points de contrôle sur l’animal : le licol et le nez.
- Essayez de passer un petit peu de temps chaque jour avec votre animal pendant la phase d’apprentissage.
- Enfin rappelez-vous du secret : ne pas se fixer d’objectifs à atteindre mais des principes à respecter.
Sources
- UPRA NEWS N°19, Avril 2019
Auteurs
- UPRA BOVINE
- Chloé LAFLEUR