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Charançon du bananier

Le charançon du bananier Cosmopolites sordidus (Germar) est le plus important ravageur du bananier. Il peut complètement décimer une bananeraie. Des moyens de lutte existent pour limiter son expansion.

Généralités

Le charançon du bananier Cosmopolites sordidus (Germar) est un insecte de l'ordre des coléoptères. Il est présent dans toute la ceinture tropicale. Il est originaire d'Asie du sud-est (Malaisie et Indonésie).

Il se nourrit de bananiers (desserts et plantains). Il cible principalement les espèces et variétés du genres Musa spp. et Ensete spp. de la famille des Musacées. Les bananiers plantains (Poingo) sont moins attaqués.

Ce sont les larves des charançons qui ravagent les cultures. Leurs dégâts peuvent être considérables si vous n'employez pas de méthodes de lutte efficaces. Celles-ci consistent à neutraliser les charançons adultes avant qu'ils ne se reproduisent.

Symptômes et dégâts

Ce sont les larves des charançons qui ravagent les cultures.

Une bananeraie infestée par les charançons n'a pas de symptômes visibles sur les parties aériennes. Les symptômes de l'infestation sont principalement visibles dans les parties souterraines, là où les les larves du charançon se développent. Celles-ci vivent à l'intérieur du bulbe du bananier, de la tige et parfois du pseudo tronc. Elles s'y nourrissent des tissus végétaux et y creusent des galeries. Le bananier est affaiblit et chute.

 

 

Dégats causés par des larves du charançon à un bulbe de bananier ©IAC-S. Cazères
Dégats causés par des larves du charançon à un bulbe de bananier ©IAC-S. Cazères

Le cycle de vie du charançon

Le cycle de vie du charançon du bananier se déroule essentiellement dans le sol et dure en moyenne 62 jours, de l'œuf à l'adulte. Il comprend quatre stades :

ŒUFS

  • Après l'accouplement, la femelle pond ses œufs dans dans le bulbe du bananier, au sein de loges qu'elle a creusées.
  • La femelle pond en moyenne 5 œufs par mois
  • Ils éclosent au bout de 5 à 8 jours.

LARVE

  • Vit entre 15 à 165 jours, durant lesquels 5 à 8 stades larvaires se succèdent.
  • Creuse des galeries qui peuvent mesurer jusqu’à 17 cm de longueur.
  • Peut consommer chaque jour le double de son volume en tissus végétaux. 
  • S'aventure peu dans le pseudo-tronc.

NYMPHE

  • Ce stade dure de 4 à 22 jours.

ADULTE

  • Il vit en moyenne deux ans.
  • Il se déplace librement dans la gaine des feuilles et dans le sol près des bananiers
  • Il vit essentiellement sur place. Une petite proportion peut migrer d'une trentaine de mètres.
Le cycle de vie du charançon du bananier. Dessin David Paulaud.
Le cycle de vie du charançon du bananier. Dessin David Paulaud.

Description du ravageur

ADULTE

  • Couleur noire
  • Mesure 1 à 1,6 cm
  • Possède un rostre (museau) allongé et une cuticule très dure. 
  • Il est surtout actif  la nuit et vole assez peu.

ŒUF

  • Forme ovale de 2 à 3 mm de long
  • Couleur blanche

LARVE

  • Pas de pattes
  • Grosse, ventrue et de couleur blanc-crème.
  • Tête brun-rouge foncé, armée de grosses mandibules.
  • Mesure 10 à 12 mm en fin de développement, juste avant la transformation en nymphe. 

NYMPHE

  • Blanche
  • Immobile
  • Mesure 12 mm de long.
Charançon du bananier
Charançon du bananier
Larve charançon du bananier
Larve charançon du bananier

Méthodes de lutte agroécologiques

Établissez vos nouvelles plantations dans des parcelles saines et avec du matériel végétal sain.

  • Utilisez des plants sains, comme les vitroplants ou les vivoplants ;
  • Pratiquez des rotations culturales : après 3 cycles de production, mettez votre parcelle en jachère ou cultivez une autre culture.

Si votre culture est infestée, procédez à un piégeage de masse des charançons.

Vous pouvez réaliser vous-mêmes des pièges simples et peu coûteux :

  • Procurez-vous des sachets de sordidine* (nom commercial Cosmolure©), une phéromone de synthèse qui attire les charançons mâles et femelles.
  • Récupérez des bidons vides de 5 litres et créez une ouverture sur le flanc du bidon
  • Accrochez à l'intérieur un sachet de Cosmolure©
  • Placez également à l'intérieur un petit morceau bulbe ou de pseudo tronc de bananier. Les substances volatiles émises par les tissus végétaux attirent les charançons et décuple l'efficacité de votre piège.
  • Disposez une dizaine de ces pièges par hectare
  • Déplacez les pièges de 20 mètres tous les mois

Une fois l'infestation contrôlée, évaluez régulièrement l'état sanitaire de votre parcelle :

  • Maintenez 4 pièges par hectare
  • Si vous capturez chaque semaine moins de 5 adultes par piège, il n'est pas nécessaire de procéder à un piégeage de masse
Détail d'une capsule de phéromone ©IAC-S. Cazères
Détail d'une capsule de phéromone ©IAC-S. Cazères
Piège à charançons ©IAC-S. Cazères
Piège à charançons ©IAC-S. Cazères

Traitements phytopharmaceutiques

Les produits phytosanitaires à usages agricoles (PPUA) contiennent des substances toxiques pour la santé humaine et pour l'environnement (sol, eau). Ils favorisent également l'émergence de bioagresseurs résistants qui rendent la lutte chimique de moins en moins efficace. Leur usage est règlementé.

Avant tout usage, vous devez vous référer à la liste des produits homologués par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et prendre conseil auprès d'un professionnel.

Si vous utilisez des plants ou drageons de bananiers pour vos plantations, procédez à un enrobage des racines avec des produits phytosanitaires de contact (pralinage). L'épandage d'insecticides dans le sol est vivement déconseillé car ce sont des produits polluants pour l’environnement et ils favorisent aussi l''apparition de charançons résistants.

Sources

Lemaire L., 1996. Les relations sémiochimiques chez le charaçon Cosmopolites sordidus (Germar) (Coleoptera : Curculionidae) et la résistance de sa plante-hôte, le bananier. Thèse de Doctorat, Université Montpellier II, 268 pages.

Hill D. S., 1983. Agricultural insect pests of the tropics and their control. Cambridge University Press, 746 pages.

Auteurs

Publication originale : 2006

  • Christian MILLE, Institut agronomique néo-calédonien (IAC)
  • Sylvie CAZÈRES, Institut agronomique néo-calédonien (IAC)

Publication actualisée : 2021

  • Ré-écriture et marketing web : Lincks
  • Relecture, mise à jour scientifique : Christian MILLE, Institut agronomique néo-calédonien (IAC)

 

 

Référent / Contact

Christian MILLE
Chercheur en entomologie
Institut agronomique néo-calédonien (IAC)
Mis à jour le 15/05/2024
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