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La culture du litchi

La culture du litchi

 

La culture du litchi

Contexte de la culture du litchi en Nouvelle-Calédonie

Depuis 1993, le volet développement de la filière fruits est assuré par les services techniques des trois Provinces. Le programme cultures fruitières de l’IAC intervient dans la filière pour les aspects liés aux activités de recherche et de formation. 

Appuyer les professionnels de la filière fruits constitue la mission essentielle de ce programme de recherche qui se décline selon plusieurs axes d’investigations étroitement imbriqués :

  • identifier et fournir du matériel végétal indemne de maladies et adapté aux contraintes biotiques et abiotiques de l’archipel,
  • optimiser les itinéraires techniques par la compréhension de la physiologie des espèces fruitières cultivées,
  • assurer une protection sanitaire intégrée des productions fruitières,
  • améliorer la qualité des produits mis en marché.

Les recherches menées sur le litchi, Litchi sinensis Sonnerat (litchi, lychee) depuis 2000 répondent à la problématique de la diversification et de l’amélioration de la qualité des productions fruitières. 

A l’issue des voyages d’étude sur le litchi, organisés par la Chambre d’Agriculture et l’association Arbofruits en Chine et à Taiwan (5 au 15 juillet 1997 et 15 juin au 1er juillet 2000), l'IAC a été sollicité afin de :

  • développer un réseau d’échange d’informations techniques entre chercheurs des différents pays producteurs,
  • réduire l’alternance de la production des litchis observée entre deux campagnes,
  • augmenter la productivité de la culture,
  • réduire les risques sanitaires pour l’exportation,
  • allonger la période de production par l’introduction de nouvelles variétés.

 

Source : Rapport de mission sur le litchi en Chine et à Taïwan - 2000) :

Grappe de litchis à maturité

Evaluation agronomique du matériel végétal

L’évaluation, la maîtrise de la multiplication et des cycles de production, à la suite de son introduction, du matériel végétal performant adapté à des conditions variables, conditionnent sa diffusion aux arboriculteurs afin d’accéder aux différents marchés.

Le fruit connu sous le nom de litchi appartient à la famille des sapindaceae. Elle comprend environ 2000 espèces d’arbres tropicaux et subtropicaux, d’arbustes, d’herbes et de lianes classées en 140 genres.

Le litchi est originaire de la Chine du Sud d’où sa culture remonte à 3 000 ans. Il s’est ensuite répandu dans toute l’Asie, l’Afrique de l’Est et du Sud, Madagascar, la Réunion, Maurice, la Floride et Hawaï. D’après le père O’Reilly, le litchi fut introduit en Nouvelle-Calédonie en 1865 par le Bourbonnais Evenor de Greslan dans son domaine de Nimba, à Dumbéa.

Verger de litchis

Conditions climatiques

Le litchi prospère dans sa zone d’origine de la province de Canton en Chine. Sa température létale est de -4°C à -5°C, tandis que les jeunes pousses et plants sont tués par des températures de -1°C à -2°C. Par contre, il supporte des températures élevées jusqu’à 40°C et les auteurs signalent que, dans sa zone d’origine, il supporte des vents de typhons de 100 à 160 km/h en été juste après la récolte. En se référant au climatogramme (figure 1), on observe que la zone de Canton est plus froide et sèche qu’à Houaïlou. De même l’été est plus chaud et beaucoup plus humide. Ainsi, la période septembre-décembre en Nouvelle Calédonie se révèle bien moins favorable à la culture car la sécheresse compromet les stades phénologiques se succèdant de la floraison à la récolte.

Climatogrammes - Comparés Canton (Chine) et Houailou

Les variétés introduites en Nouvelle-Calédonie

La Station de Pocquereux a introduit depuis 1993, les 22 cultivars de litchis suivants :

Pays cultivars de litchis
Cultivars Autres noms Pays de production
Bengal   Inde, Brésil, Australie
Brewster   Floride
Calcutta   Inde
Deradhuma D2 Inde
Haak Yip   Chine, Taïwan, Thaïlande, Hawaï
Kaïmana   Hawaï
Kwaï May Pink Bosworth, B3 Chine, Australie, Floride
Muzzafarpur   Inde, Maurice
No Maï Chee   Chine, Taïwan
PDM   Inde
Rose Scented   Inde, Maurice
Saharampur   Inde, Maurice
Salathiel   Australie
Seedless Late   Inde
Souey Tung Groff Chine, Australie
Taï So   Chine, Thaïlande, Madagascar, Afrique du Sud, Maurice, La Réunion, Australie, Nouvelle-Calédonie, Hawaï
Thaïlande A1 Thaïlande, Ile de la Réunion
Waï Chee   Chine, Taïwan, Thaïlande, Australie, Floride

La pratique de l’incision annulaire a permis en particulier la floraison du cultivar tardif Haak Yip, (photos 1 et 2) dont la caractérisation a pu être réalisée.La caractérisation de ces variétés est en cours car elle dépend principalement de l’application d’un itinéraire technique innovant qui permet de s’affranchir des risques climatiques tout en maîtrisant l’alternance avérée de la production.

Les fruits du litchi ont ont une chair blache savoureuse et juteuse

Itinéraires techniques pour la culture d'un verger de litchi

L’élaboration et la validation des itinéraires techniques en milieu réel, par des parcelles de démonstration chez les producteurs, et en milieu contrôlé sur la station (domaine expérimental), doivent apporter aux acteurs de la filière tous les outils technico-économiques dont ils ont besoin.

La caractérisation des variétés et l’adaptation des itinéraires techniques sont réalisées à partir des parcelles d’essai de la Station de Pocquereux et d’un suivi multilocal de la phénologie du litchi initié depuis 1998 à Houaïlou et Canala. Ces études permettent d’intégrer les variations pluriannuelles ainsi que les conditions climatiques différentes des côte Est et Ouest.

D’autre par, suite à la mission en Nouvelle-Calédonie du Dr. Teng Yung-Shing, chercheur associé à la station de recherche horticole tropicale de Feng Shan (Taïwan) du 8 au 12 décembre 2000, des protocoles expérimentaux ont été élaborés afin de mettre en application dès cette campagne, les techniques de conduites en usage à Taïwan (taille, incisions annulaires, fertilisation) et démontrées par le Dr. Teng à la Station de Pocquereux.

Les observations relatives au contrôle du cycle de croissance du litchi se poursuivent maintenant depuis 4 ans. Les techniques développées ont montré toute leur efficacité lors du passage du cyclone Erica en 2003. Les arbres taillés n’ont subi aucun dégât alors que les témoins non taillés ont été très sévèrement endommagés. De plus, aucune récolte n’a été observée sur les témoins non taillés (photos 3, 4).


En effet, l’incision annulaire (photo 5) pratiquée à l’issue de la deuxième unité de croissance (fin avril) a pour effet une fructification abondante sur 100% des arbres incisés, alors que les témoins taillés non-incisés n’ont pas fleuri tout comme les témoins non taillés et non incisés qui ont été cassés par le cyclone Erica.

Par ailleurs, un essai à haute densité de production intensive a été implanté en décembre 2003 afin de valider l’itinéraire technique Feng Shan de Taïwan. Il intègre au total 482 litchis (4 cultivars) et longans (3 cultivars) plantés à 3,5 m x 5 m (571 plants/ha) pour 0,85 ha, ce qui porte à 2,46 ha la surface dédiée aux expérimentations concernant litchi et longan. L’année 2004 sera donc une année de confirmation de cet itinéraire technique et devrait permettre de caractériser d’autres cultivars présents en collection.

Parcelle litchis avant (16 janvier 2003) le passage du cyclone Erica. A gauche arbres taillés depuis 2000, à droite témoins non taillés du même âge de 14 ans (F. Mademba-Sy).
Incision annulaire de 3 mm (S. Lebégin)

Fourniture du matériel végétal

La Station de Pocquereux contribue à accompagner les professionnels des 3 provinces en terme d’approvisionnement en plants.

Contrôle de la qualité des fruits et valorisation

Permettre aux productions fruitières calédoniennes d’accéder aux marchés (local ou d’exportation) avec le meilleur potentiel commercial, tel est l’objet des études menées sur :

  • l’influence des facteurs avant récolte,
  • les pré-traitements d’endurcissement,
  • les emballages à atmosphère modifiée.

Ils doivent conduire à l’élaboration de protocoles de désinsectisation visant à respecter la qualité des fruits, mais également des protocoles de longue conservation permettant de différer la mise en marché des produits.

Ainsi, la mise au point de techniques après-récolte (refroidissement, conservation, conditionnement) doit permettre de maintenir au mieux la qualité du litchi, en particulier sa couleur rouge. L’utilisation d’emballages à atmosphère modifiée et l’étude de la mesure du stress lors du brunissement du péricarpe (perte d’ions, activité respiratoire) vont contribuer à allonger sa durée de vie (mise en marché différée), mais aussi permettre d’élaborer les conditions de sa désinsectisation par le froid.

Conserver la qualité des fruits après la récolte

Afin de définir le meilleur conditionnement du litchi cv. Taï So en conservation à 5°C, différents emballages ont été testés : sans emballage, barquette Bantec, Cryovac, Danisco 120, Danisco 190, LLS et AEP.

  • Les emballages plastiques permettent de maintenir les litchis exportables pendant environ 24 jours à 5°C.
  • Les emballages les plus performants sont Danisco 120, Danisco 190 (photo 6) et LLS pour le maintien de la couleur rouge des fruits jusqu’à 21 jours. Cependant la couleur rouge et l’éclat du fruit sont idéalement maintenus avec l’emballage Danisco 120. Pour les autres emballages, l’aspect visuel du fruit est moins attractif.
  • Contrairement aux emballages LLS, de la condensation a été observée, mais sans incidence de pourritures, pour Danisco 120 et 190.
  • Si l’emballage Danisco 120 permet de conserver les litchis avec une bonne attractivité visuelle au bout de 24 jours à 5°C, ils n’ont pas en revanche une qualité gustative optimale comparativement à Danisco 190 et Freshaway 6 kg.
  • La perte de poids dans les emballages plastiques est négligeable du fait d’un dessèchement limité comparativement aux autres emballages.
  • Il n’y a pas de différence significative entre les différents emballages pour les paramètres chimiques, bien qu’il semblerait que les fruits desemballages plastiques soient moins acides (à confirmer).

 

Bac de litchis après la récolte

Influence de l'emballage pour l'export

La qualité des litchis de la variété Taï So a été évaluée après conservation pendant 14 et 21 jours à 5°C et 2 jours de mise en marché à 20°C dans les emballages à atmosphère modifiée précités.

  • Quelque soit l’emballage, la couleur rouge et l’éclat du fruit sont maintenus à l’issue de la simulation. Cependant, alors que la couleur reste stable après le 14ème jour de conservation pour les emballages Freshaway et Cryovac, elle continue à se dégrader jusqu’au terme de l’expérimentation pour les autres emballages.
  • Pour Freshaway, certaines conditions de remplissage sont à respecter afin de créer l’atmosphère modifiée la plus adéquate au litchi. Le meilleur résultat est obtenu avec un remplissage d’1kg de fruits pour 5 dm3 (Freshaway AEP 3 kg).
  • La perte de poids des litchis dans les emballages plastiques est négligeable du fait d’un dessèchement limité.
  • Les emballages influent sur les caractéristiques chimiques des litchis (brix et acidité) dès le 14ième jour de conservation pour se stabiliser par la suite.
  • Seuls Freshaway AEP 3 kg et Cryovac n’altèrent pas la qualité gustative du fruit au bout de 14 jours à 5°C. A ce stade, le goût des litchis en Danisco 120 est acceptable.
  • Après 21 jours à 5°C, les litchis en Freshaway AEP 3 kg perdent légèrement leur saveur, alors qu’on n’observe pas de différence de goût pour Danisco 120 entre 14 et 21 jours.
  • Les litchis de l’emballage Danisco 190 sont mauvais au bout de 21 jours à 5°C.

Sans emballage, les litchis se conservent au maximum 7 jours et perdent leur éclat dès le 2ième jour

Les expérimentations menées avec les emballages plastiques flexibles Freshaway, Danisco et Cryovac démontrent qu’il est possible de prolonger la vie du produit frais de 14 à 21 jours à 5°C.

Cependant, c’est la saveur du fruit qui détermine les meilleurs emballages : Freshaway AEP 3 kg et Cryovac au bout de 14 jours à 5°C, Freshaway et Danisco 120 au bout de 21 jours à 5°C.

La mesure de la composition en oxygène et dioxyde de carbone dans les emballages les plus performants permettra d’évaluer quelle atmosphère modifiée convient le mieux au litchi.

Détermination de la température optimale de conservation du litchi

Des lots de 3 kg de litchis cv. Taï So en emballage atmosphère modifiée (LLS) ont été mis en conservation à 1°C, 3°C et 5°C pendant 21 jours.

C’est le traitement à 1°C qui, dans le contexte de cette expérimentation, donne les résultats les plus satisfaisants au niveau du maintien de la couleur rouge des fruits et du faible taux de pourritures. Ainsi, dans des conditions d’emballage particulières, la température de conservation du litchi cv. Taï So peut être abaissée jusqu’à 1°C, qui est également la température de désinsectisation.

L'accès au marché d'exportation

Contre les ravageurs les plus importants que sont les mouches des fruits (Diptera : Tephritidae), ont été développés des traitements par la chaleur en après-récolte pour lever les barrières phytosanitaires. Ces techniques ont déjà été transférées en milieu réel : l’Unité de Traitement Thermique de Tontouta. 

Cependant, pour les produits ne supportant pas l’exposition à la chaleur humide pulsée, comme le litchi, d’autres alternatives de désinsectisation par le froid sont nécessaires afin de répondre aux exigences des quarantaines des pays importateurs.

Traitement de désinsectisation au froid

Les expérimentations et études statistiques menées conjointement avec nos partenaires du HortResearch Institute de Nouvelle-Zélande ont mis en évidence la tolérance du 3ième stade larvaire de Bactrocera curvipennis.

Conséquemment, les essais en fruits ont été initiés afin de confirmer la possibilité d’un traitement utilisable par les exportateurs.

L’infestation artificielle des litchis a été réalisée avec les 3èmes stades de B. curvipennis, correspondant aux stades les plus tolérants des traitements préliminaires acquis en octobre 2002 (photo 7). Les litchis infestés sont ensuite disposés en cartons utilisés pour l’exportation dans une enceinte froide LMS stabilisée à 1°C pendant 12 jours. Enfin, les fruits sont placés en émergence pour évaluer le taux de mortalité des mouches des fruits.

L’exploitation statistique de ces résultats d’essais est assurée par les chercheurs associés du HortResearch. 

Elle sera par la suite soumise au Ministère de l’Agriculture et de la Pêche de Nouvelle-Zélande qui statuera sur la validation du protocole et garantira alors l’accès de cette production en Nouvelle Zélande.

Infestation artificielle de larves dans un litchi (R. M. M’Bouéri).
Mise en émergence des fruits après traitement de 12 jours à 1°C (S. Cazères).

Référent / Contact

Institut agronomique néo-calédonien (IAC)
Mis à jour le 12/07/2025
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