La carambole est un fruit du carambolier (Averrhoa carambola L.), un petit arbre appartenant à la famille des Oxalidacées.

Probablement originaire d'Asie du Sud-Est, le carambolier trouve son centre de diversité se situe dans les régions de Malaisie et d'Indonésie ou elle est cultivée depuis l’Antiquité. Sa diffusion vers le sous-continent indien et le Sri Lanka aurait été favorisée par les navigateurs austronésiens. La présence ancienne d'un nom en sanskrit, karmara, témoigne de son implantation ancienne dans ces régions (1).

Adoptée dans de nombreuses zones tropicales et subtropicales, la carambole présente une grande variété de noms (2). Elle est notamment surnommée "fruit-étoile" en raison de sa forme caractéristique ("star fruit" en anglais, "five corner" en Australie).

Introduit en Océanie à la fin du XIXe siècle, le carambolier y est relativement peu cultivé de nos jours (3). En Nouvelle-Calédonie, il est principalement cultivé dans les jardins familiaux.

Usages alimentaires

La carambole est un fruit léger et rafraîchissant, au goût à la fois sucré et acide. Elle peut être consommée de nombreuses façons :

• Fruit frais (avec la peau, pas besoin de le peler)
• Salade de fruits 
• Jus de fruits
• Fruits au sirop
• Sorbet : à Hawaï, une recette traditionnelle mélange le jus de carambole acide avec de la gélatine, du sucre, du jus de citron et de l'eau bouillante.
• Punchs et cocktails aromatisés.
• Confitures, compotes ou gelées
• Cuite, elle est utilisée dans des plats salés et sucrés : puddings, gâteaux, tartes,
• Sauce aigre-douce pour ragoûts ou curry
• Achards

⭐ ⭐ Décoration de plats : coupée en tranches, sa forme étoilée apporte une touche décorative aux salades de fruits, garnitures d'avocat, crudités, assiettes de la mer.

À Java, les fleurs, au goût acidulé, sont ajoutées aux salades et transformées en confitures en Inde. Les feuilles, parfois utilisées comme substitut de l’oseille, et les graines, également comestibles, élargissent encore ses usages (1).

⚠️ Attention, la carambole doit être consommée avec modération.

Une consommation excessive peut provoquer des diarrhées et favoriser la formation d’oxalate de potassium, responsable de calculs rénaux (coliques néphrétiques) (4). Il est recommandé de ne pas dépasser deux fruits par semaine.

Les personnes souffrant d'insuffisance rénale doivent absolument éviter la carambole : leurs reins ne peuvent pas éliminer la caramboxine, une neurotoxine naturelle du fruit, ce qui peut entraîner des troubles graves (5).

Vertus médicinales

Différentes parties du carambolier sont traditionnellement utilisées pour leurs propriétés médicinales (2,8) :

• Fruits

  • ➔ En Inde, les fruits mûrs sont employés pour stopper les hémorragies et soulager les hémorroïdes saignantes.
  • ➔ Au Brésil, ils sont utilisés comme diurétiques et pour traiter l'eczéma.
  • ➔ En Chine, ils servent à étancher la soif, stimuler la sécrétion salivaire et faire baisser la fièvre. Il est recommandé de ne pas consommer plus de deux fruits par semaine.

• Feuilles

  • ➔ Appliquées sur les tempes pour apaiser les maux de tête.
  • ➔ Utilisées en cataplasme (feuilles et jeunes pousses écrasées) pour traiter les éruptions de varicelle et la teigne.

• Fleurs

  • ➔ Consommées comme vermifuge.

• Graines

  • ➔ Une décoction de graines écrasées est utilisée pour stimuler la lactation et les menstruations, avec un effet légèrement enivrant.
  • ➔ Réduites en poudre, les graines servent de sédatif et sont employées dans le traitement de l'asthme et des coliques.

⚠️ Attention, la présence d’acide cyanhydrique a été détectée dans les feuilles, les tiges et les racines.

Autres usages

• Plante ornementale : dans certaines régions le carambolier est davantage cultivé pour l'attrait de ses bouquets de fleurs roses que pour ses fruits (2). Il peut fleurir plusieurs fois dans l'année.

• Lutte biologique : le carambolier héberge des thrips prédateurs utiles Franklinothrips vespiformis et Karnyothrips flavipes

• Nettoyage : le jus de la carambole est utilisé pour nettoyer et polir les métaux. Il peut aussi blanchir les taches de rouille sur les tissus blancs.

• Bois, menuiserie : le bois du carambolier, blanc, devient rougeâtre avec l’âge, à grain fin et de dureté moyenne, est utilisé pour la construction et la fabrication de meubles.

• Miel: La floraison abondante du carambolier attire les abeilles et constitue une excellente ressource mellifère (8).

Allure

• Arbre de petite à moyenne taille pouvant atteindre 7 à 10 mètres de hauteur
• Canopée étalée, large et arrondie
• Rameaux nombreux, fins, parfois légèrement pendants, donnant à l'arbre un aspect dense et arrondi.
• Croissance rapide durant la en phase juvénile, ralentissant avec l’âge.

Feuilles

• Feuilles caduques, composées et alternes
• Dimensions : 15 à 20 cm de long
• Disposées en spirale sur les rameaux
• Structure imparipennée : 5 à 12 folioles presque opposées, de forme ovale ou ovale-oblongue, chacune de moins de 9 cm de long.
• Folioles douces au toucher, vertes et lisses sur la face supérieure, finement velues et blanchâtres sur la face inférieure.
• Sensibilité au toucher : les feuilles se replient légèrement la nuit ou lorsqu’elles sont secouées ou choquées.

Fleurs

• Espèce dioïque. La pollinisation nécessite la présence d'un arbre mâle et d'un arbre femelle (9)
• Bouquets de petites fleurs roses avec un cœur pourpre et un pédoncule rouge
• Position : fleurs apparaissant à l’aisselle des feuilles, sur les rameaux.
• Floraison : débute avec la reprise de la végétation et se poursuit régulièrement sur plusieurs mois (4).
• En Nouvelle-Calédonie, le carambolier peut fleurir plusieurs fois par an et produire des fruits au moins deux fois par an.

Fruits

• La  production des fruits se concentre au centre de la canopée.
• Grandes baies étoilée en coupe transversale, généralement à 5 côtes longitudinales.
• Dimensions : entre 5 et 15 cm de long.
• Les fruits ne produisent pas de sucre après la cueillette.
• Odeur plus ou moins marquée d'acide oxalique, saveur allant de très acide à légèrement sucrée.

Graines

• Graines comestibles, enveloppées dans une substance gélatineuse
• Une douzaine de graines par fruit, mais certains fruits peuvent être sans graine.
• Les graines sont plates, fines, brunes
• Dimensions : 6 et 12,5 mm de long

En Nouvelle-Calédonie, la saisonnalité du carambolier est la suivante :

• Plantation : de mars à mai

• Floraison : les arbres peuvent fleurir plusieurs fois dans l’année

• Fructification : d'octobre à avril

• Pic de production des fruits : février - mars - avril

Neuf variétés ont été introduites en 1990 et 1992 dans le verger de diversification de la station agronomique de Pocquereux, en provenance d’Australie, de Martinique et de Guadeloupe.

Les principales variétés (les plus utilisées sont indiquées en gras) sont :

• Fwang Tung
• Arkin
• Giant Siam
• B2
• B10
• Dah Pon
• Po Kere 1
• Maha
• Leng Bek

• La reproduction par graines est possible, après avoir lavé les graines au savon pour enlever toute pulpe résiduelle (4).
• Viabilité : les graines restent viables seulement quelques jours après récolte.
• Seules les graines pleines et bien formées doivent être plantées
• Germination : rapide, entre 1 à 2 semaines
• Les plantules doivent être transplantées dans des pots remplis de terre sableuse légère.
• Un arbre issu de semis peut commencer à produire des fruits au bout de 3 ans (3).

⚠️ Attention, es plantules sont délicates, à manipuler avec précaution (2).

Marcottage aérien

• Technique recommandée pour le carambolier

• Toutefois, la formation des racines est lente et les performances obtenues sont souvent inégales.

Bouturage

• Technique moins courante que le marcottage ou le greffage.

• Utiliser des rameaux semi-ligneux de l'année, longs de 15 à 20 cm.

• Tremper la base dans une hormone d'enracinement.

• Placer les boutures dans des conditions de forte humidité (serre humide ou sous sac plastique).

• Le taux de réussite est très variable et parfois aléatoire

Greffage (2)

• Le greffage par inarching (greffage naturel par soudure) est utilisé avec succès en Inde.

• Bourgeonnement en écusson pratiqué aux Philippines.

• Méthode Forkert employée à Java.

• En Indonésie, le greffage en couronne (bark-grafting) est populaire pour améliorer des arbres adultes.

• Pour une production à grande échelle, le greffage latéral en incrustation (side-veneer grafting) est recommandé. Il s'effectue sur des porte-greffes de carambole âgés d’au moins un an, avec un diamètre de 1 à 1,5 cm.

• En Floride, certains agriculteurs préfèrent le greffage en fente (cleft-grafting) sur du bois jeune et vert, avec un taux de réussite atteignant 90 %.

• Les arbres greffés peuvent produire des fruits 10 mois après leur plantation

Selon les données locales et internationales (6,7) :

Exigences environnementales

• Le carambolier prospère dans les climats chauds, avec des températures comprises entre 21°C et 32°C.

• Il préfère les climats présentant une saison sèche, mais peut s'adapter à des climats plus humides.

• Exposition : plein soleil

• Brise-vent recommandés pour protéger les cultures sur les sites exposés.

• Il est important d'intercaler des arbres mâles et femelles pour assurer une bonne pollinisation croisée et maximiser les rendements

Sols

• Tout type de sol bien drainé, 

• pH compris entre 5,5 et 6,5

• Il se développent bien également sur des sols tourbeux.

• Avant plantation : labour et sous-solage de la parcelle.

• Amendements : apport de calcium, de fumier et d'engrais de fond selon la qualité initiale du sol

Plantation

• Plantation sur billon de 50 cm de hauteur.

• Espacement recommandé : 6 à 7 mètres entre les arbres pour assurer une bonne aération et faciliter l'entretien.

• Chaque jeune plant est maintenu par trois tuteurs

• Densité : 200 à 300 arbres/ha

• La phase juvénile des arbres greffés dure 3 ans

Fertilisation

• À la station de recherche de Homestead (États-Unis), les arbres mesurant entre 2,4 et 3 mètres de hauteur réagissent bien à l'application de 0,5 kg d'engrais.

• Composition de l'engrais recommandé : azote (N), phosphore (P), potassium (K) et magnésium (Mg) dans un rapport de 6-6-6-3, appliqué 3 à 4 fois par an.

• Carences :

  • ➔ Les symptômes de chlorose peuvent être corrigés par des apports de fer, zinc et manganèse.

  • ➔ Sur sols calcaires, certains experts recommandent de réaliser des pulvérisations de microéléments 4 fois par an.

Eau et irrigation

• Nécessite une grande quantité d’eau pour assurer une bonne croissance et une production régulière.

• Irrigation modérée pendant la saison sèche.

• Le carambolier est sensible : il ne tolère ni la sécheresse, ni les inondations, ni les sols salins.

Le carambolier est un arbre très productif.

En Nouvelle-Calédonie, un arbre peut produire entre 300 et 400 kg de fruits par an.

Un verger peut produire 60 à 120 tonnes de fruits par hectare et par an.

• Les fruits mûrs tombent naturellement au sol.

• Pour la commercialisation et l’expédition : la récolte des fruits se fait à la main en manipulant le fruit avec précaution. Les fruits doivent être cueillis lorsqu’ils sont encore vert pâle avec une légère teinte jaune.

• Les fruits les plus sucrés sont ceux qui ont mûri sur l’arbre. Ils sont prêts à être récoltés lorsqu'ils commencent à virer au doré et lorsque leurs côtes brunissent légèrement.

• À température ambiante, la carambole se conserve 4 à 5 jours.

• Au frais (5 à 10 °C, dans le bac à légumes), elle peut se conserver plus de 2 semaines.

• Pour l'expédition sans réfrigération (comme depuis la Floride vers le nord des États-Unis), les fruits sont :

  • Emballés dans des caisses tapissées et recouvertes de fibre de bois.

  • Disposés tige vers le bas, à 45°, de manière à imbriquer les fruits les uns dans les autres, réduisant ainsi les chocs.

• Manipulations brutales à éviter : la carambole est un fruit fragile.

Résultats d’essais de conservation (Winter Haven, Floride)

• Fruits récoltés au début du jaunissement :

  • Conservation 4 semaines à 10 °C,

  • 3 semaines à 15,5 °C,

  • 2 semaines à 21 °C (70 °F).

• L'application d'une cire sur les fruits prolonge leur durée de conservation et aide à préserver leur valeur en vitamines.

Les principaux ravageurs de la carambole sont :

• Les mouches des fruits

• Le papillon piqueur

Plusieurs méthodes de lutte agroécologique contre ces ravageurs sont décrites dans les fiches Agripedia :

• Mouches de fruits

• Papillon piqueur de fruits

Il est recommandé d'appliquer des pratiques préventives et de surveillance régulière pour limiter les infestations.

Lutte biologique

• Les caramboliers, grâce à leur floraison abondante, attirent naturellement des acariens et des thrips prédateurs, capables de réguler les populations de cochenilles et d'acariens phytophages.

• On observe également la présence de parasitoïdes de mouches des fruits, qui pondent dans les fruits infestés et contribuent au contrôle naturel des populations.

Pollinisation

• Les caramboliers sont plantes mellifères attractives pour les abeilles, contribuant ainsi à la préservation des pollinisateurs.

Fertilité du sol

• Ce sont des arbres vigoureux, capables de produire une quantité importante de biomasse, utile pour enrichir les sols en matière organique.

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».

L'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de qualités nutritionnelles et environnementales remarquables et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.

L'équipe d'Agripedia et l'IAC remercient l'Agence rurale pour ce précieux soutien !

En savoir plus sur le mécénat GOLD.