Le corossol est produit par le corossolier, un arbre fruitier de la famille des Annonacées.

Le corossol est probablement originaire des Antilles et d’Amérique Centrale. L'historien espagnol Gonzalo F. d’Oviedo est le premier à décrire le corossol dans la littérature en 1526 et à mentionner son abondance à l’état sauvage dans les Antilles et le nord de l’Amérique du Sud (Morton). Les espagnols l'ont ensuite propagé vers d'autres régions tropicales. (18, thèse)

Aujourd'hui, on le trouve dans de nombreuses régions tropicales : Amérique tropicale, Asie du sud-est, Chine, Australie, Inde, îles du Pacifique, Afrique de l'est et de l'ouest l’Afrique (18, thèse). Toutefois, il est essentiellement produit dans les jardins familiaux et relativement peu à des fins commerciales que dans peu de régions (19, thèse). LA production mondiale commerciale se concentre au Venezuela, au Brésil, en Colombie et au Mexique. (20, thèse)

Usages alimentaires et préparations culinaires

Le corossol est un fruit consommé cru ou préparé. Sa chair a une consistance fibreuse et une saveur qui rappelle celle des bonbons acidulés. Une fois épépinée, elle peut être utilisée de différentes manières :

• Fruit frais mûr : la pulpe est directement consommée dans le fruit avec une cuillère. Toutefois, il peut paraître difficile à consommer en raison des nombreuses grandes graines et de membranes fibreuses.
• salade de fruits
• jus de fruits (ajouter 50% de chair mûre sans les graines avec 50 % d’eau, ne pas filtrer, pour garder le bénéfice des fibres pour la santé et mettre au frais)
• Sorbets, crèmes glacées : La « champola » préparée avec de la pulpe filtrée, du lait et du sucre, est une boisson célèbre à La Havane, Cuba (Morton, 7)
• Cuits : les corossol immatures sont bouillis, rôtis ou frits (par exemple cuits avec du lait de coco aux Philippines)

Une consommation qui doit être modérée

Dans un avis publié en avril 2010, l'agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) souligne les risques liés à la consommation trop importante de corossol et de ses préparations (tisanes, alicaments, compléments alimentaires...), puisque des études menées en laboratoire ont mis en évidence que certaines molécules du corossol avaient une action neurotoxique (altération des éléments du système nerveux) et/ou cytotoxique (altérations cellulaires) (pour plus de détails consulter la fiche  Annona muricata (Corossolier, vertus médicinales).

Vertus médicinales

Diverses parties du corossolier (fruits, feuilles, écorces, racines) sont souvent utilisées en médecine traditionnelle pour soigner ou soulager de nombreuses affections (affections cutanées, troubles digestifs, spasmes, troubles du sommeil, toux..). Les vertus médicinales du corossolier détaillées dans la fiche Annona muricata (Corossolier, vertus médicinales).

Autres usages

• Insecticide : les graines réduites en poudre est efficace contre les poux de tête et divers ravageurs de culture (chenilles du papillon Spodoptera eridania, pucerons des pois). L’huile extraite des graines tue les poux de tête. Les extraits d'éther de pétrole et de chloroforme sont toxiques pour certaines larves de scarabées) (Morton). La décoction de feuilles tue les poux de tête et les punaises de lit.
• Tannerie : L’écorce de l’arbre a été utilisée pour le tannage. Les fibres de l’écorce sont solides, mais comme les arbres à fruits ne sont pas remplaçables, elles ne sont utilisées qu’en cas de nécessité.

Allure

Feuilles

• Feuilles persistantes
• Alternes, lisses, brillantes, vert foncé sur la face supérieure et plus claires sur la face inférieure.
• Forme oblongues, elliptiques ou étroitement obovales, pointues aux deux extrémités, et mesurant de 6 à 20 cm de long et de 2,5 à 6 cm de large (Morton).
• Parfum désagréable 

Fleurs

• poussent de façon isolée et apparaissent sur le tronc, les branches ou les rameaux.
• courts pédoncules de de 4 à 5 cm (1 ½ à 2 pouces) de long,
• forme triangulaire-conique.
• 3 pétales externes, charnus et légèrement écartés, de couleur jaune-vert
• 3 pétales internes, rapprochés, sont jaune pâle
• la floraison peut s'étendre de 3 à 6 mois avec des pics importants

Fruit

• Moyen à gros fruit pouvant mesurer de 10 à 30 cm de long, 15 cm de large, avec un poids pouvant atteindre 6-7 kg
• Formes variées : plus ou moins ovale, forme de cœur, forme incurvée
• Peau réticulée, non comestible et amère, plus ou moins hérissée  de petites « épines » droites ou incurvées, molles et flexibles. Les pointes se cassent facilement lorsque le fruit est bien mûr. Cette peau est vert foncé pour les fruits immatures et devient légèrement vert-jaunâtre quand il mûrit.
• Le fruit est tendre au toucher quand il est mûr.
• Pulpe de couleur blanc-crème, acidulée, juteuse et fibreuse. Elle se détache facilement en morceaux et entoure un cœur central moelleux et spongieux.

Graines

• Un gros fruit contient quelques dizaines de graines
• Chaque segment fertile contient une seule graine ovale, lisse, dure et noire, mesurant de 1 à 2 cm de long, et un gros fruit peut contenir de quelques dizaines à 200 graines ou plus.

Saison
Le corossolier tend à fleurir et fructifier plus ou moins en continu, mais dans chaque zone de culture, il existe une saison principale de maturation. En Floride, cette période s'étend de juin à septembre. ¹

L'absence de fibres ou une quantité réduite de fibres dans la chair est la caractéristique la plus recherchée. Porto Rico a catalogué 14 types. Les cultivars populaires incluent « Morada » (Brésil), « Cuban Fibreless » (Australie), « Sirsak Ratu » (Java) et « Bennett », une variété à peau bleu-vert introduite en Floride en 1920. ¹

Pollinisation
Des températures élevées, entre 80°F et 90°F (27°C à 32°C), et une faible humidité relative (30 %) peuvent entraîner des problèmes de pollinisation, tandis qu'une température plus basse (autour de 21°C avec une humidité relative de 80 %) améliore la pollinisation. ⁴

Les fleurs présentent à la fois une dichogamie et une nature protogyne. L'anthèse florale du corossolier se produit principalement entre midi et 20 heures, ainsi qu'entre 4 heures et 8 heures du matin, avec une libération du pollen entre 4 heures et 8 heures. L'ouverture des fleurs et la déhiscence du pollen ne sont pas synchrones, ce qui entraîne une très faible auto-pollinisation. La pollinisation croisée peut avoir lieu tôt le matin, car à l'anthèse, la fleur dégage généralement un parfum qui attire les insectes. ⁷

Les coléoptères de plusieurs espèces jouent un rôle important dans la pollinisation naturelle. Il semble que ces insectes effectuent une pollinisation croisée, bien que de manière assez inefficace, car peu de fleurs donnent des fruits, et de nombreux fruits sont malformés (Fig. 17, 18, 19) en raison de la non-fécondation de nombreux ovules. ³

Pour augmenter le rendement, la pollinisation manuelle est devenue un aspect important des pratiques de culture dans certaines régions. ⁷

Multiplication
Bien qu'il soit généralement multiplié par graines, les variétés sans fibres de meilleure qualité peuvent être greffées. Le marcottage aérien est possible, mais le taux de succès est considéré comme marginal. Si elles sont plantées dans les 30 jours suivant la récolte, 90 % des graines sont viables et germent en 15 à 30 jours. Certaines graines restent viables jusqu'à 6 mois. Les graines doivent être lavées avant la plantation. ⁴
Les semis de corossol sont généralement le meilleur porte-greffe, bien que le greffage sur pomme-cannelle (Annona reticulata), corossolier des montagnes (A. montana), ou corossolier à feuilles rondes (A. glabra) soit généralement réussi. Le corossolier à feuilles rondes a un effet nanifiant. ¹

Exigences, plantation, entretien

Le corossolier ne peut survivre en dehors du sud de la Floride aux États-Unis continentaux, où il est cultivé commercialement de manière très limitée. Cet arbre nécessite beaucoup de chaleur et d’humidité, une grande quantité d’eau, et il ne supporte pas les températures inférieures à 0°C (32°F). Sous les tropiques, le corossol est cultivé depuis le niveau de la mer jusqu’à 1 000 mètres, en particulier dans les régions humides où il pousse particulièrement bien. Cependant, il ne tolère pas l’eau stagnante, et ses racines étant peu profondes, il n’a pas besoin d’un sol très épais (Growable).

Culture
Le paillage est recommandé pour éviter la déshydratation du système racinaire superficiel et fibreux par temps sec et chaud. En cas de sécheresse excessive, l’arbre perdra toutes ses vieilles feuilles avant que de nouvelles n’apparaissent. ¹

Le corossolier est véritablement une espèce tropicale. Les jeunes arbres exposés dans le sud de la Floride sont tués par seulement quelques degrés de gel. Les arbres qui survivent jusqu’à l’âge de fructification sur le continent sont situés dans des endroits protégés, proches du côté sud d’une maison et parfois près d’une source de chaleur. Malgré cela, une défoliation temporaire et une interruption de la fructification se produisent lorsque la température approche du point de congélation. ¹

M. Hahdeem : L’arbre se défoliera à des températures de 44-45 °F (6,6-7,2 °C) si les conditions sont venteuses. Si cela se produit quatre ou cinq fois, l’arbre mourra d’épuisement en raison d’une réserve réduite de glucose.

Taille
Une fois formé, l’arbre nécessite peu de taille, à l’exception de l’élimination des branches mortes ou mal placées. Cela doit être fait après la récolte. Les arbres peuvent être écimés à environ 1,8 m (6 pieds), ce qui favorise la production de fruits sur les branches latérales pour faciliter la récolte. ⁴

Fertilisation
D’excellents résultats ont été obtenus à Hawaï avec des applications trimestrielles d’engrais 10-10-10 NPK : 0,225 kg (½ lb) par arbre la première année, 0,45 kg (1 lb) par arbre la deuxième année, 1,36 kg (3 lbs) par arbre la troisième année et les années suivantes. ¹

Rendement, productivité

Malheureusement, le corossolier est peu productif, la récolte habituelle étant de 12 à 20 ou 24 fruits par arbre. ¹

Récolte
Le fruit vert foncé non mûr est recouvert d'une peau non comestible avec des épines molles. La récolte a lieu lorsque la couleur s'éclaircit et devient légèrement vert jaunâtre. Les épines ramollissent, le fruit paraît gonflé, et les marges des segments deviennent lisses et moins visibles. En général, il faut 4 ou 5 jours pour que le fruit mûrisse complètement après la récolte, lorsque la peau cède à une légère pression. ⁴
Des études sur le processus de maturation à Hawaï ont déterminé que le stade optimal pour la consommation est atteint 5 à 6 jours après la récolte, au pic de production d'éthylène. ¹

Ravageurs et maladies

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».

L'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de qualités nutritionnelles et environnementales remarquables et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.

L'équipe d'Agripedia et l'IAC remercie l'Agence rurale pour ce précieux soutien !