Le corossol est le fruit du corossolier, un arbre fruitier de la famille des Annonacées.

Le corossol est probablement originaire des Antilles et d’Amérique Centrale. L'historien espagnol Gonzalo F. de Oviedo y Valdés a été le premier en 1526 à décrire cette plante dans la littérature et à mentionner son abondance à l’état sauvage dans les Antilles et le nord de l’Amérique du Sud (1,2,3). Les espagnols l'ont ensuite propagé vers d'autres régions tropicales. (4).

Aujourd'hui, on trouve le corossolier dans de nombreuses régions tropicales. Toutefois, il est essentiellement cultivé dans les jardins familiaux et relativement peu à des fins commerciales. La production mondiale commerciale se concentre au Venezuela, au Brésil, en Colombie et au Mexique (3,4).

Le corossolier a été introduit en Nouvelle-Calédonie en 1883 et s'est peu répandu sur le territoire (5).

Usages alimentaires et préparations culinaires

Le corossol est un fruit consommé cru ou cuit. Sa chair a une saveur originale qui rappelle celle des fruits acidulés. Une fois épépinée, la chair du fruit mûr peut être utilisée de différentes manières (1,4) :

• Fruit frais : la pulpe est directement consommée dans le fruit avec une cuillère. Toutefois, il peut paraître difficile à consommer en raison des nombreuses grandes graines et de membranes fibreuses.
• Jus de fruits (ajouter 50% de chair mûre sans les graines avec 50 % d’eau, ne pas filtrer, pour garder le bénéfice des fibres pour la santé et mettre au frais)
• Salade de fruits
• Sorbet, crème glacée, milshakes : la « champola » préparée avec de la pulpe filtrée, du lait et du sucre, est une boisson célèbre à La Havane, Cuba
• Sirop
• Confiture, gelée

Le fruit immature peut être consommé cuits comme un légume (Morton, thèse):

• bouilli à l'eau
• en soupe (Indonésie)
• rôti au four ou frit en rondelles (Brésil)
• cuit avec le lait de coco (Philippines)

Précaution

Dans un avis publié en avril 2010, l'agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) souligne les risques liés à la consommation trop importante de corossol et de ses préparations (tisanes, alicaments, compléments alimentaires...), puisque des études menées en laboratoire ont mis en évidence que certaines molécules du corossol (notamment l'annonacine) ont une action neurotoxique (altération des éléments du système nerveux) et/ou cytotoxique (altérations cellulaires. Pour plus de détails sur ces précautions, consulter la fiche  Annona muricata (Corossolier, vertus médicinales).

Vertus médicinales

Diverses parties du corossolier (fruits, feuilles, écorces, racines) sont souvent utilisées en médecine traditionnelle pour soigner ou soulager de nombreuses affections : affections cutanées notamment la varicelle, troubles digestifs, spasmes, troubles du sommeil, toux...

Les vertus médicinales du corossolier détaillées dans la fiche Annona muricata (Corossolier, vertus médicinales).

Autres usages

• Insecticide : les graines réduites en poudre est efficace contre les poux de tête et divers ravageurs de culture (chenilles du papillon Spodoptera eridania, pucerons des pois). L’huile extraite des graines tue les poux de tête. Les extraits d'éther de pétrole et de chloroforme sont toxiques pour certaines larves de scarabées). La décoction de feuilles tue les poux de tête et les punaises de lit. (1)
• Tannerie : l’écorce de l’arbre a été utilisée pour le tannage. Les fibres de l’écorce sont solides, mais comme les arbres à fruits ne sont pas remplaçables, elles ne sont utilisées qu’en cas de nécessité (1).

Allure

• Arbre pouvant atteindre 8-10 m de hauteur
• Port érigé au départ devient globuleux avec l'âge (6)
• Branches rugueuses arrondies, de couleur brun-violet
• Croissance rapide

Feuilles

• Feuillage persistant
• Alternes, lisses, brillantes, vert foncé sur la face supérieure et plus claires sur la face inférieure.
• Forme oblongues, allongée, pointues aux deux extrémités, et mesurant de 6 à 20 cm de long et de 2,5 à 6 cm de large
• Parfum agréable 

Fleurs

• Dichogames et protandres : les organes mâles (libération du pollen) arrivent à maturité avant les organes femelles (réceptivité du stigmate). Cela réduit les chances d'autopollinisation et pollinisation croisée (voir plus loin).
• Poussent de façon isolée et apparaissent sur le tronc, les branches ou les rameaux.
• Pédoncules courts de 4 à 5 cm
• Forme triangulaire-conique avec 3 pétales externes (charnus, écartés, jaune-vert) et 3 pétales internes (rapprochés, jaune pâle)
• La floraison peut s'étendre de 3 à 6 mois avec des pics importants
• Pollinisation croisée par les insectes, toutefois, peu de fleurs donnent des fruits, car la libération du pollen et l'accessibilité du pistil ne sont pas synchrones. Les fruits sont malformés lorsque les ovules n'ont pas été fécondés.
• Avec une pollinisation manuelle réussie (voir plus loin) le fruit peut atteindre 6-7 kg, sinon il reste petit et déformé

Fruit

• Moyen à gros fruit pouvant mesurer de 10 à 30 cm de long, 15 cm de large, avec un poids pouvant atteindre 6-7 kg
• Formes variées : plus ou moins ovale, forme de cœur, forme incurvée
• Peau réticulée, non comestible et amère, plus ou moins hérissée  de petites « épines » droites ou incurvées, molles et flexibles. Les pointes se cassent facilement lorsque le fruit est bien mûr. Cette peau est vert foncé pour les fruits immatures et devient légèrement vert-jaunâtre quand il mûrit.
• Le fruit est tendre au toucher quand il est mûr.
• Chair blanc-crème, fibreuse, acidulée, peu sucrée et juteuse. Elle se détache facilement en morceaux et entoure un cœur central moelleux et spongieux.

Graines

• Un gros fruit contient quelques dizaines de graines
• Chaque segment fertile contient une seule graine
• Graines ovales, lisses, dures et noires, mesurant de 1 à 2 cm de long

Racines

• Système racinaire fibreux et peu profond
• Les jeunes plants possèdent une racine pivotante qui disparait avec le temps.

• Le corossolier tend à fleurir et fructifier plus ou moins en continu, mais dans chaque région du monde, il existe une saison principale pour la récolte (1).

• Il faut environ 6 mois pour que le fruit se développe à partir de la fleur (4).

• En Nouvelle-Calédonie, le pic de production des fruits est en décembre-janvier (7).

Deux espèces en provenance de xx ont été introduites en xx dans le verger de diversification de la station agronomique Pocquereux :

• Corossol A. muricata
• Corossol de montagne A. montana

Dans d'autres régions tropicales, des programmes de sélection ont développé des variétés dépourvues de fibres ou avec peu de fibres. Les cultivars populaires sont (Morton) : 

• "Morada » (Brésil),
• « Cuban Fibreless » (Australie),
• « Sirsak Ratu » (Java)
• « Bennett », une variété à peau bleu-vert introduite en Floride en 1920

Pollinisation

Les fleurs du corossolier s'ouvrent en deux étapes (1) :

• le soir  (entre 16 h  et 20 h) le pollen est libéré avec l'ouverture des pétales extérieurs (phase mâle)
• tôt le matin (entre 4 h et 8 h) le pistil est accessible avec l'ouverture des pétales internes (phase femelle). C'est à ce moment-là que la fleur émet un parfum qui attire les petits insectes, principalement des coléoptères.

La pollinisation croisée est généralement peu efficace car peu d'insectes transportent le pollen d'une fleur à l'autre.

Les conditions climatiques ont une influence sur la pollinisation. Un temps chaud et sec (température de 27°C à 32°C avec une humidité relative de 30 %) peut entraîner des problèmes de pollinisation, tandis qu'un temps frais et humide (autour de 21°C avec une humidité relative de 80 %) améliore la pollinisation.

La pollinisation manuelle est une solution courante pour améliorer le rendement. Cela consiste à collecter le pollen des fleurs mâles et à l'appliquer sur les fleurs femelles au bon moment, lorsqu'elles sont réceptives.

Semis

• Le corossolier est généralement multiplié par les graines
• 90 % des graines sont viables et germent en 15 à 30 jours si elles sont plantées dans les 30 jours qui suivent la récolte des fruits (growable)
• Certaines graines restent viables jusqu'à 6 mois.
• Les graines doivent être lavées avant la plantation. ⁴
   

Greffage

• Les variétés de meilleure qualité peuvent être greffées.
• Les semis de corossol sont généralement les meilleurs porte-greffe
• Le greffage sur pomme-cannelle (Annona reticulata), corossolier des montagnes (A. montana), ou corossolier à feuilles rondes (A. glabra) sont généralement réussi. Le corossolier à feuilles rondes a un effet nanifiant.

Marcottage

• Le marcottage aérien est possible, mais le taux de succès est marginal.

Exigences environnementales

• Nécessite beaucoup de chaleur et d’humidité
• Ne supporte pas le froid et exige des températures supérieures à 3°C
• Sous les tropiques, il est cultivé depuis le niveau de la mer jusqu’à 1 000 mètres, en particulier dans les régions humides où il pousse particulièrement bien.
• Exposition : plein soleil ou ombre légère
• Ne tolère pas les vents forts

Sol, plantation

• Tout type de sol
• Tolère les sols pauvres. Pousse mieux dans des sols profonds, bien drainés et légèrement secs.
• Les jeunes arbres sont plantés lorsqu’ils atteignent une taille de 50 à 100 cm, de préférence entre juin et août afin de profiter de conditions favorables à l’émission des racines (saison fraiche) (7).
• Espacement des plants : 2,4 x 2,4 m dans les jardins familiaux et 3,6 à 4,5 m pour les vergers commerciaux (1)
• Paillage recommandé
• La floraison débute 3-4 années après la plantation

Fertilisation

• Une fertilisation légère (sans azote la première année) et fractionnée sur plusieurs mois, couplée à une bonne préparation de sol, facilite l’établissement et la croissance des arbres (7).

Eau, irrigation

• Besoins importants en eau : 90 mm par mois / hectare de verger à forte densité (400 plants), soit près de 9 000 m³ d’eau / an / hectare.
• Ne tolère pas l’eau stagnante
• C'est le plus tolérant à la sécheresse de tous les annones
• En cas de sécheresse excessive, l’arbre perdra toutes ses vieilles feuilles avant que de nouvelles n’apparaissent.

Entretien

• Peu de taille nécessaire : éliminer les branches mortes ou mal placées,
• Taille après la récolte,
• Les arbres peuvent être écimés à environ 1,8 m, ce qui favorise la production de fruits sur les branches latérales pour faciliter la récolte.

Le corossolier est un arbre peu productif, la récolte habituelle étant d'une dizaine à une vingtaine de fruits par arbre (1).

Les rendements des annones (pomme cannelle, corossol) fluctuent selon les espèces et les conditions d’exploitation. En Nouvelle-Calédonie, ils atteignent en moyenne 20 tonnes par hectare (7).

• Dans un verger, les corossols ne mûrissent pas en même temps. Par conséquent, des visites fréquentes sont nécessaires pour identifier les fruits arrivés à maturité (3).

• La récolte commence lorsque la couleur des fruits s'éclaircit et qu'ils deviennent légèrement vert-jaunâtre.

• Il est recommandé d'effectuer la récolte des corossols tôt le matin pour qu'ils conservent leur qualité visuelle et marchande. Si les pédoncules sont réchauffés par le soleil au moment de la récolte et qu’ils sont manipulés, cela peut entraîner une réaction de brunissement (3).

• Après la cueillette le corossol est fragile et vite périssable

• En général, il faut 4 à 5 jours pour que le fruit mûrisse complètement après la récolte, lorsque la peau cède à une légère pression.

• Des études sur le processus de maturation à Hawaï ont déterminé que le stade optimal pour la consommation est atteint 5 à 6 jours après la récolte avec le pic de production d'éthylène.

• Après la récolte, il est recommandé de placer les fruits dans des contenants protégés avec un matériau souple et flexible, et ils doivent être conservés à l’abri du soleil, de la poussière et de la pluie.

• Lorsqu’il y a plusieurs couches de fruits dans un contenant, des éponges doivent être placées entre les fruits (3).

• Une fois leur maturité atteinte, les corossols peuvent être conservés 2 jours dans le bac à légumes du frigo (8)

• Mouches des fruits

• Cochenilles farineuses

• Anthracnose Colletotrichum gloeosporioides

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».

L'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de qualités nutritionnelles et environnementales remarquables et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.

L'équipe d'Agripedia et l'IAC remercie l'Agence rurale pour ce précieux soutien !