Syzygium malaccense (Pommier kanak)

Le pommier kanak, Syzygium malaccense est un arbre de la famille des Myrtacées. Il peut être un arbre de petite taille 3 à 4 m de hauteur ou un grand arbre dépassant les 12 m (7). 

C'est une espèce indigène originaire du Sud-Est asiatique, dispersée sur les îles à travers le Pacifique Sud, d'Hawaï jusqu'en Malaisie et en Inde (1,2).

En Nouvelle-Calédonie, cet arbre se rencontre près des habitations. Il est cultivé dans tout l'archipel. Il est présent plus rarement en forêt humide (7). Il se plaît près des creeks.

Il existe deux variétés, l'une à fleurs blanches, l'autre à fleurs rouges. Les feuilles du pommier kanak portent fréquemment des galles produites par un insecte indéterminé (4). 

Les fruits sont comestibles. Ils attirent les roussettes.

La fiche ci-dessous présente les propriétés et usages médicinaux des différentes parties de la plante. En Nouvelle-Calédonie, ce sont l'écorce et les feuilles qui sont le plus utilisées en médecine traditionnelle.

Cette plante est utilisée en médecine traditionnelle kanak. Voir la fiche "La médecine traditionnelle kanak". Elle a également une importance culturelle et est utilisée pour certains rituels (voir avant dernier paragraphe).

Les vertus médicinales Syzygium malaccense sont nombreuses. Cette plante est traditionnellement utilisée pour traiter :

• les affections cutanées
• les affections respiratoires
• la gratte
• les douleurs
• les troubles digestifs
• le diabète
• les plaies et blessures
• les maladies vénériennes

Avant tout usage de plante médicinale, lisez attentivement la fiche Agripédia "Précautions d'usage des plantes médicinales", car certaines plantes sont toxiques, même à faible dose et un mauvais usage pourrait mettre votre santé en danger.

Quelques règles de bon sens :

• L'utilisation des remèdes présentés dans nos fiches ne se substitue aucunement à un avis médical, ni aux conseils d'un guérisseur traditionnel (tradithérapeute) ;
• En cas de symptômes persistants ou anormaux, consultez un professionnel de santé ;
• N'utilisez pas une plante quand vous avez un doute sur son identification botanique ou alors demandez une identification formelle à quelqu'un de votre entourage qui s'y connait vraiment, un botaniste, un tradithérapeute, un herboriste ou un pharmacien.

• Les fruits sont obovoïdes (la partie la plus large est au sommet) ou en forme de poire de poire inversée
• Ils contiennent une seule grosse graine ou parfois n'en ont aucune (asperme) ;
• Ils peuvent être rouges, jaune violacé ou blanc-jaune ;
• La chair est blanche, juteuse, spongieuse, croquante, insipide ou délicatement sucrée et parfumée. Son goût très doux rappelle la pomme ;
• Le fruit est riche en vitamines, désaltérant, rafraîchissant et légèrement astringent ;
• Ils sont fragiles et se conservent mal. Il faut les manger aussitôt cueillis.

Usages médicinaux

• Contre la fièvre : les fruits ont des propriétés fébrifuges (10)

Les feuilles de Syzygium malaccense sont :

• de grande taille (jusqu'à 50 cm dans la nature) avec un pétiole ;
• lancéolées avec de grosses galles produites par un parasite ;
• coriaces et vernissées.

Usages médicinaux en Nouvelle-Calédonie

• Appétit : la feuille crue mâchée stimule l'appétit (2,3)

• Contre la fièvre : les feuilles soulagent la fièvre (10)

• Douleurs dentaires : à Maré les feuilles de pommier kanak (Keel K'ee en Nengone) sont mâchées pour soigner les douleurs dentaires. Le remède n'est garanti que si le malade grimpe dans l'arbre et mord la feuille directement sur une branche (6).

• Contre la diarrhée : l'infusion très concentrée en feuilles est un excellent remède antidiarrhéique. L'utilisation de ce remède ne doit pas être prolongée pour ne pas entrainer une grave constipation (3,5)

• Diurétique et légèrement laxative : l'infusion de feuilles (2)

• Antiseptique : les feuilles chauffées sont posées sur les furoncles pour les faire disparaître (2,5). Une infusion de feuilles dans 4 à 5 L d'eau est efficace contre l'acné infectée. Le lendemain, les boutons sont lavés avec une compresse imbibée du reste de la décoction puis la peau est laissée à sécher. Cette même macération sert à nettoyer les plaies purulentes (3).

• Urticaire : L'infusion d'une poignée de feuilles dans 2 L d'eau est utilisée en application locale ou en bain pour soulager les urticaires et démangeaisons de la peau (3).

• Purges : P. Limousin rapporte qu'à Lifou, un remède peut être pris dès l'âge de 5-6 ans, une à deux fois par an pour nettoyer le sang qui a accumulé des toxines. Il consiste en une infusion de 25 feuilles dans 2 L d'eau bouillante pendant 10 minutes. La tisane doit être absorbée pendant plusieurs jours de suite et renvouvelée chaque jour (2).

La fiche "Les différentes préparations de plantes médicinales" explique comment préparer des infusions, décoctions, macérations...

Usages médicinaux dans le Pacifique

• Anti-inflammatoire :

  • Le liquide extrait des feuilles pilées est appliqué sur les inflammations oculaires (Fidji) (2) ;

  • La décoction de feuilles est donnée aux enfants contre les affections buccales (Fidji) (2) ;

  • L'infusion de feuilles est prise contre la toux et les infections buccales (Samoa) (2) ;

  • Le liquide extrait des tiges écrasées traite la toux, le muguet et les douleurs profondes dans les os (2) ;

  • Les feuilles portant des galles servent dans le traitement des angines (Tahiti) (2).

• Anti-microbienne :

  • Les feuilles sont utilisées en médecine locale pour traiter des maladies infectieuses telles que la bronchite, la cystite, la furonculose, le muguet buccal et la mycose vaginale (Polynésie française).

  • L'extrait méthanolique et les dérivés salicyliques des feuilles ont montré une activité antimicrobienne intéressante contre certaines bactéries Gram+ dont Streptococcus pyogenes, Staphylococcus aureus et Pseudomonas aeruginosa (9).

Usages médicinaux en Nouvelle-Calédonie

• Purges : l'écorce du pommier kanak entre dans la composition de la purge des jeunes filles à Maré au moment de la puberté (6).

• Purges, intoxications, gratte : la décoction d'écorce est un bon dépuratif qui s'emploie contre la gratte et en laxatif pour soigner les intoxications généralisées (3,5,10). Pour cela, il faut enlever la partie superficielle de la face externe, gratter une poignée d'écorce, faire macérer 5 minutes dans un bol d'eau froide, puis boire (3).

• Antiseptique : l'infusion d'écorce soigne les aphtes, l'eczéma, les furoncles, les plaies purulentes, la toux (10). Même préparation que ci-dessus, à filtrer, puis boire ou en bains de bouche (3).

Usages médicinaux dans le Pacifique

• Tonique : l'écorce est réputée comme tonique général (Fidji, Tonga) (2).

• Antidiabétique : la décoction de l'écorce broyée traite le diabète (Fidji) (2).

• Antiseptique, anti-inflammatoire : L'infusion d'écorce soigne les affections de la bouche (Tonga, Polynésie, Samoa), les maux de gorge (Wallis, Hawaii, Fidji) (2), la toux (Tonga, Samoa), les maladies vénériennes et la gonorrhée (Polynésie, Fidji), les problèmes digestifs (Polynésie), les maux d'estomac, les douleurs abdominales et la constipation (Tonga). Le jus d'extrait de l'écorce pilée est administré contre la bronchite (Hawaii). La décoction d'écorce broyée traite la gonorrhée, le muguet, les enflures (Fidji) (2)

• Ce sont des inflorescences portant de 4 à 10 fleurs ;
• Les pétales sont roses à rouges ;
• Les étamines sont nombreuses et très visibles.
• La floraison a lieu entre novembre et janvier

Pas d'usages médicinaux décrits.

Autres usages

• Les fleurs peuvent être consommées en salade ou préparées en sirop

Plusieurs composés chimiques ont été identifiés dans la plante (8) :

• Fibres solubles
• Composés phénoliques : anthocynanines (cyanidin-3-O-glucoside, cyanidin-3,5O-diglucoside, and peonidin-3-O-glucoside)
• Flavonoïdes
• Caroténoïdes
• Dérivés salicyliques : 6-alkenyl et alkyl-salicylic acids (acide anacardique et acide ginkgolique) (9)

Le pommier kanak occupe une place emblématique dans la culture kanak car elle est utilisée pour certains rituels :

• Les fruits du pommier kanak sont offerts aux ancêtres (5).

• Pour lever un interdit, à Houaïlou et Hienghène, on asperge de l'eau à l'aide d'un filtre dans lequel est enveloppée l'écorce du pommier kanak (5).

• À Maré, des feuilles du pommier kanak et de Erythrina variegata donnent un remède pour arrêter le mauvais temps au clan de Rawa, maître de l'orage. Ce même remède donné en friction sur la peau sert aussi à guérir la maladie due aux éclairs (6).

Syzygium malaccense est également utilisée à d'autres fins en Océanie et ailleurs dans le monde :

• Culturel : L'arbre est une plante rituelle importante au Vanuatu et à Fidji (2).

• Ornemental : le principal atout ornemental apparaît lors des. spectaculaires et éphémères floraisons de couleur rose à pourpre qui attirent les abeilles

• Bois, construction : Au Vanuatu, il est employé dans la fabrication des pirogues et occasionnellement comme bois de construction (2).

• Colorant : À Hawaï, l'écorce donnait une teinture à tapa. L'écorce de la variété à fleurs blanches contient une sève rouge employée comme teinture en Amérique Centrale et aux Antilles (2,4).

• Vin : les pommes bien rouges sont utilisées pour produire des vins de table (blanc, rouge) dans les Caraïbes (11).

• Floraison : de novembre à janvier
• Fructification : janvier

• Plein soleil
• Irrigation régulière
• À l'abri des vents dominants
• Vous pouvez effectuer des pincements pour conserver un port harmonieux (7)

• Facile et rapide à partir des graines
• Par bouturage de tête ou tronçons semi-ligneux. Durée de 2 à 3 mois pour l'enracinement (7). Premières floraisons au bout de 5 ans en conditions optimales.

L'Institut agronomique néo-calédonien (IAC) a été lauréat du "Fonds de sauvegarde du patrimoine immatériel des pays et territoires d'outremer (PTOM)" en mars 2022 pour intégrer dans Agripedia des fiches sur les plantes médicinales de la pharmacopée calédonienne.

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien moral et financier de l'Union européenne, de l'Institut français, de l'OCTA et de l'ACPA dans la cadre du projet pilote ARCHIPEL.EU.

Cette fiche a été également réalisée grâce au soutien scientifique, technique et financier de l'IAC, l'ADCK-Centre Tjibaou, l'IRD, l'Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie et Lincks.