Pomme cythère

Le pommier Cythère Spondias dulcis (anciennement S. cytherea, nommé ainsi en hommage à l'île de Cythère en Polynésie) est un arbre fruitier tropical de la famille des Anacardiacées, comme le manguier.

Il est aussi connu sous les noms de pomme malaka, ambarella ou golden apple selon les régions (1,2). En Nouvelle-Calédonie, on l’appelle parfois simplement "cythère".

Originaire de Mélanésie et de Polynésie (1,2), il est aujourd’hui bien implanté dans toute l’Océanie et en Asie du Sud-Est. Il a été progressivement introduit dans de nombreuses régions tropicales et subtropicales du monde. Sa culture reste toutefois essentiellement familiale, elle s'est rarement développée à une échelle commerciale (3).

L’arbre a été introduit à l’île Maurice en 1768, puis en Jamaïque en 1782, et il a fructifié pour la première fois aux Philippines en 1915 (2,4).

En Nouvelle-Calédonie, le pommier Cythère polynésien était présent avant 1870, introduit pour la consommation de ses fruits juteux et agréables (5).

Usages alimentaires

Le fruit du pommier Cythère est largement apprécié pour sa polyvalence culinaire. Il peut être consommé aussi bien immature (vert et croquant) que mûr (jaune, à la chair plus tendre et acidulée) (6).

Lorsqu’il est vert, le fruit est croquant et légèrement acide, très utilisé en crudités ou en jus. À maturité, sa chair devient jaune, plus molle, et développe une saveur acidulée et résineuse (7). Le noyau est coriace et entouré de fibres rigides qui adhèrent à la pulpe.

Différentes parties de l’arbre sont consommées, selon les traditions culinaires locales et les stades de maturité du fruit (3,4,6,8) :

Fruits mûrs (pelés, crus ou cuits) :

• Consommés en fruits frais
• Salade de fruits
• Sorbets
• Confitures, gelées
• Fruits au sirop
• Fruits secs
• Rhums arrangés, liqueurs

Fruits verts (pelés, crus ou cuits) :

• Fruit frais (croquant, goût acidulé)
• Crudités
• Jus de fruits : aux Antilles, les fruits très jeunes (avec noyau encore tendre) sont pressés pour en faire un jus populaire et rafraîchissant (3)
• Condiments : marinés dans une saumure au vinaigre ou préparés en pickles
• Ingrédient de curry
• Cuits avec la viande pour l’attendrir (2).

Jeunes feuilles

• Cuites à la vapeur, elles sont consommées comme des épinards
• Parfois utilisées comme fourrage pour les animaux (4)

Qualités nutritionnelles

La pomme Cythère est une bonne source de vitamine C, de potassium et le calcium. La fiche "La pomme Cythère" des Récoltes du Caillou résume toutes les qualités de ce produit (9).

Vertus médicinales

Le pommier Cythère est également utilisé en médecine traditionnelle dans plusieurs régions du monde tropical :

• L’écorce est employée comme remède contre les diarrhées dans la pharmacopée populaire (3).

• Les fruits sont utilisés pour soulager diverses affections, notamment les maladies du foie, les troubles digestifs, l’anémie et le stress (9,10).

Autres usages

En dehors de ses usages alimentaires et médicinaux, Spondias dulcis présente plusieurs intérêts agricoles, écologiques et artisanaux :

• Plante mellifère : l’arbre produit une bonne quantité de nectar et de pollen. Il est classé niveau 2 sur 3 dans le calendrier des plantes mellifères de Nouvelle-Calédonie (11).

• Alimentation animale : les fruits tombés sont utilisés pour nourrir les porcs, et les feuilles sont consommées par le bétail (8).

• Bois et menuiserie légère : le bois, brun clair et flottant, est peu durable comme bois d’œuvre, mais il est parfois utilisé de manière artisanale, notamment pour fabriquer des canoës (8).

• Valeur ornementale et érosive : le pommier Cythère est apprécié pour son port élégant et son feuillage décoratif. Son système racinaire robuste en fait une espèce utile pour stabiliser les sols en zone pentue ou sujette à l’érosion (2,8,13).

• Agroforesterie : dans certaines régions tropicales, l’espèce est intégrée à des systèmes agroforestiers traditionnels, en association avec d'autres arbres fruitiers et des cultures vivrières (13).

Allure

• Grand arbre tropical à croissance rapide, qui peut dépasser 20 mètres de hauteur à maturité
• tronc droit, légèrement fissuré, atteint généralement 20 à 40 cm de diamètre.
• L’écorce, de couleur gris-beige clair, est lisse.
• Cet arbre peut vivre plusieurs décennies et rester productif pendant près de 40 ans dans de bonnes conditions.

Feuilles

• Feuillage caduque. Les feuilles tombent durant la saison sèche (7)
• Feuilles composées, longues de 20 à 60 cm, formées d’une quinzaine de folioles vertes et brillantes
• Teinte jaune vif avant leur chute.
• Les folioles dégagent une forte odeur résineuse lorsqu’on les froisse (1)
• Leur bord peut être entier, dentelé ou crénelé, et leur apex est souvent acuminé.
• Le pétiole principal mesure entre 9 et 15 cm.

Fleurs

• La floraison précède souvent l’apparition des nouvelles feuilles.
• Les inflorescences, en panicules terminales, peuvent atteindre 35 cm de long.
• Elles portent de petites fleurs blanchâtres, discrètes mais nombreuses.
• Polygamie florale : chaque panicule peut contenir des fleurs mâles, femelles et hermaphrodites. 
• La pollinisation est assurée par les abeilles, attirées par le nectar.

Fruits

• Les fruits arrivent à maturité 5 à 6 mois après la nouaison (1),
• Ils se présentent en grappes pendantes de douze fruits ou plus, suspendus à l’extrémité de longs pédoncules.
• Le fruit est une drupe de forme ovale, ronde ou légèrement bosselée, mesurant moins de 10 cm de long pour un poids de 150 à 240 g. 
• La peau est fine, verte à l’origine, puis devient jaune à rousse en mûrissant, avec la présence de cinq dépressions longitudinales peu marquées.
• Quand le fruit est vert, la chair est ferme, croquante, juteuse et acidulée, avec un parfum rappelant légèrement l’ananas.
• Chair ferme, croquante, juteuse et acidulée quand le fruit est vert (rappelant légèrement l'ananas). Elle se ramollit, devient jaune et fibreuse en mûrissant avec une saveur musquée, résineuse.
• À maturité, elle devient jaune, fibreuse, plus molle, avec une saveur musquée et résineuse.
• Il arrive que de larges zones de la peau soient recouvertes d’une moisissure noire superficielle, fréquente à maturité, mais sans effet notable sur la qualité interne du fruit (7).

Graines

• Le fruit contient un gros noyau central, hérissé de pointes rigides ou de fibres filamenteuses auxquelles la chair adhère fortement (7).
• À l’intérieur, le noyau renferme 1 à 5 graines plates.

• Floraison : de juillet à décembre (11)

• Saison de production des fruits : principalement en décembre (12)

Consultez le calendrier de production des fruits en Nouvelle-Calédonie.

Une variété de pommier Cythère (Spondias dulcis) a été introduite dans le verger de diversification de la station agronomique de l’IAC à Pocquereux. Cette introduction visait à tester et promouvoir la culture de cet arbre fruitier tropical en Nouvelle-Calédonie.

D’autres espèces du même genre (Spondias) sont également conservées et étudiées à la station :

• Le mombin jaune (Spondias mombin)

• La prune d’Espagne (Spondias purpurea) aux fruits rouges

• La prune du Chili (Spondias purpurea, variété différente) aux fruits jaunes

Dans d’autres régions du monde, il existe une variante naine du pommier Cythère, dont les arbres ne dépassent pas 2 mètres de hauteur, facilitant ainsi la récolte. Toutefois, cette variété donne des fruits plus petits (environ 30 % de moins que les variétés classiques) (13).

En Nouvelle-Calédonie, une variété locale à fruits géants a été signalée sur les îles Belep. Elle semble absente de la Grande Terre et pourrait représenter un germoplasme d’intérêt pour la sélection variétale (6).

Le pommier Cythère peut être multiplié par semis, bouturage, bourgeonnement ou greffage, selon les pratiques et les objectifs de culture.

Par semis

• En Asie du Sud-Est, la multiplication par semis est la méthode la plus courante.

• La germination intervient généralement en moins d’un mois (5).

• Les premiers fruits apparaissent après 4 à 5 ans.

Les arbres issus de semis sont souvent plus vigoureux que ceux multipliés par greffage ou bourgeonnement (7). Cependant, ils présentent une plus grande variabilité génétique.

Par bouturage

La multiplication végétative par bouturage permet d’obtenir des arbres plus rapidement productifs.

• Les premiers fruits peuvent apparaître dès 2 à 3 ans après plantation.

• Elle est particulièrement utile pour reproduire fidèlement des variétés sélectionnées.

Par bourgeonnement (ou plantation de souches)

Le pommier Cythère peut être utilisé comme clôture vivante :

• De grosses souches ou morceaux de tronc plantés verticalement s’enracinent facilement.

• Ils peuvent ensuite produire des pousses, boutures ou marcottes viables (7).

Par greffage

• Le greffage est possible sur des porte-greffes du genre Spondias, incluant des variétés nanifiantes.

• Cette méthode permet de contrôler la vigueur des plants, d’uniformiser la production et de gagner du temps sur l’entrée en production.

Le pommier Cythère est un arbre rustique à croissance rapide, qui nécessite peu d’entretien une fois adulte. Il s’adapte à une grande diversité de conditions climatiques et de sols, ce qui en fait une espèce intéressante pour les zones tropicales et subtropicales.

Exigences environnementales

• Le pommier Cythère pousse aussi bien dans les régions tropicales que dans les zones subtropicales chaudes.

• Il est légèrement moins résistant que le manguier, mais reste tolérant à des conditions variées.

• Il peut être cultivé jusqu’à 700 m d’altitude (6).

• Il doit être planté en plein soleil, car il a besoin de beaucoup de lumière pour fructifier. Les arbres à l’ombre produisent peu ou pas de fruits.

• Il faut éviter les zones exposées au vent : ses branches sont cassantes et peuvent se briser facilement.

• Une fois bien implantés, les arbres adultes tolèrent bien la sécheresse et résistent au froid jusqu’à –3,9 °C (1).

• En période de stress, l’arbre peut perdre temporairement ses feuilles.

Sol et plantation

• L’arbre pousse sur une grande variété de sols, notamment calcaires ou acides sableux, à condition qu’ils soient bien drainés.

• Il ne tolère pas les sols inondés.

• L'espacement recommandé entre les arbres varie de 7,5 à 12 mètres, en fonction de la densité souhaitée et de la vigueur des plants.

Eau, irrigation

• Bien qu’il résiste à la sécheresse une fois mature, une irrigation régulière est nécessaire en phase juvénile ou lors de longues périodes sèches.

• Le pommier Cythère ne supporte pas les excès d’eau, et l'inondation prolongée peut endommager ses racines.

Entretien

• Un étêtage régulier est recommandé pour limiter la hauteur de l’arbre et favoriser la formation de branches latérales, plus accessibles pour la récolte (13).

• Une taille régulière permet de maintenir l’arbre à une hauteur raisonnable, idéalement inférieure à 4,6 m, ce qui facilite l’entretien et la récolte (1).

e pommier Cythère est un arbre généreux pouvant produire entre 300 et 700 kg de fruits par arbre, selon son âge et les conditions de culture (4).

En Nouvelle-Calédonie, la pleine production a lieu au mois de décembre (12). Les fruits sont souvent récoltés avant leur maturité complète, car ils tombent naturellement de l’arbre dès qu’ils sont proches d’être mûrs (6). Ils peuvent être consommés peu après la chute ou poursuivre leur maturation dans des conditions de stockage adaptées.

Méthodes de récolte

La grande taille des arbres rend la récolte parfois difficile :

• À la main, en grimpant dans l’arbre avec précaution.

• Depuis le sol, à l’aide d’une perche munie d’un sac de récolte.

Stockage

Après récolte, les fruits sont :

• Lavés, triés et stockés en station de conditionnement.

• À température ambiante, ils mûrissent en 4 à 6 jours.

• En chambre froide, le mûrissement est ralenti et peut survenir au bout de 10 jours.

Le principal ennemi du pommier Cythère est la mouches des Fruits, qui pond ses œufs dans les fruits mûrs ou en voie de maturation.

Certaines espèces du genre Spondias, comme le pommier Cythère, jouent un rôle intéressant en lutte biologique :

• Elles abritent le thrips prédateur Aleurodothrips fasciapennis.

• Ce thrips se nourrit des larves de cochenilles et d’aleurodes, deux ravageurs communs en cultures tropicales.

Les espèces du genre Spondias sont intéressante dans la lutte biologique contre les cochenilles et les aleurodes puisque qu'elles permettent de maintenir un thrips prédateur Aleurodothrips fasciapennis, qui se nourrit de larves de cochenilles et d’aleurodes.

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».

L'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de qualités nutritionnelles et environnementales remarquables et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.

L'équipe d'Agripedia et l'IAC remercie l'Agence rurale pour ce précieux soutien !

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