Le pommier kanak (ou pommier canaque) Syzygium malaccense est un arbre qui appartient à la famille des Myrtacées. Il est apprécié dans les jardins familiaux pour ses fruits sucrés et acidulés. 

Selon les régions où il est cultivé de longue date, il porte différents noms : jambosier, te tumu Ahi'a (en Polynésie), pomme d'amour (en Guyane), pomme Malacca (en Guadeloupe), pomme malaise ou jambos.

Originaire de l'Asie tropicale du Sud-Est (Indonésie, Malaisie, Vietnam, Thaïlande), le pommier kanak s'est aujourd'hui naturalisé dans plusieurs régions tropicales : Inde, Asie du Sud, Australie, îles du Pacifique et Amérique tropicale (1).)

Syzygium malaccense est proche de plusieurs autres espèces du même genre, telles que (1,2,3) :

• Sygizium cumini, jamelonnier
• Syzygium jambos, pomme rose
• Sygizium samarangense, jamalac

En Nouvelle-Calédonie, la culture du pommier kanak est ancienne. Il a été introduit volontairement avant l'arrivée des Européens (4) et est aujourd'hui considéré comme une espèce indigène. On le retrouve dans tout l'archipel, principalement près des habitations, et plus rarement en forêt humide. Il affectionne particulièrement les abords des creeks (cours d'eau) (5).

Usages alimentaires et et préparations culinaires

au goût sucré, acidulé, légèrement âpre et agréablement parfumé. Sa texture rappelle celle de la pomme, mais aussi parfois celle de la poire ou du raisin blanc (1,3).

Elle se consomme de différentes façons :

• croquée crue, peu après la récolte
• En salade de fruits
• Transformée en confiture, gelée, coulis
• En tarte
• Conservée au sirop

Les fleurs du pommier kanak sont également comestibles. Elles peuvent être ajoutées aux salades ou préparées en sirop.

L'ensemble des usages culinaires et des bienfaits du fruit est résumé dans la fiche Récolte du Caillou- pomme kanak (6)

Qualités nutritionnelles

Les pommes kanak sont une bonne source de vitamines, notamment de vitamines B1 et B2.

Voici la composition moyenne du fruit frais de Syzygium malaccense pour 100 g de pulpe (source 1,3) :

À noter : la peau des fruits est très riche en vitamine C (292,6mg/100g) et en anthocyanines (300 mg/ 100g) (1)

Vertus médicinales

Diverses parties de l'arbre sont utilisées en médecine traditionnelle, notamment en médecine kanak. Cette plante est employée pour (7) :

• soigner certaines maladies de peau et blessures,

• traiter des affections respiratoires,

• soulager la gratte (ciguatera)

• améliorer certains troubles digestifs,

• soigner des maladies vénériennes,

• calmer les douleurs.

Des études ont également montré une activité antibiotique dans certaines parties de la plante (7).

Pour plus de détails sur les usages médicinaux des feuilles, fleurs, fruits et écorce, voir la fiche Syzygium malaccense (vertus médicinales).

Autres usages

• Ornement : Le pommier kanak est apprécié pour ses fleurs roses spectaculaires en forme de pompons, qui embellissent jardins et espaces publics (5).

• Production d’alcool : Dans les Caraïbes, les fruits sont utilisés pour fabriquer du vin de table (rouge ou blanc) (1).

• Cultures traditionnelles :

  • 🌱 En Nouvelle-Calédonie, les fruits sont offerts aux ancêtres,

  • 🌱 Les feuilles sont utilisées dans les rituels (arrêter le mauvais temps, lever un interdit) (7,8,9).

  • 🌱 L’arbre a également un rôle rituel important au Vanuatu et à Fidji.

• Bois et construction : Au Vanuatu, le bois du pommier kanak est utilisé pour fabriquer des pirogues et, plus occasionnellement, pour la construction (7).

• Colorant :

  • 🌱 À Hawaï, l'écorce servait à teindre les tapa (étoffes végétales).

  • 🌱 En Amérique Centrale et aux Antille, la variété à fleurs blanches produit une sève rouge utilisée comme teinture (9).

Allure

• Arbre de 12 à 18 mètres de haut à l'âge adulte
• Croissance rapide, mais irrégulière
• Tronc droit
• Port pyramidal, donnant à l'arbre une silhouette élégante

Feuilles

• Grandes feuilles avec un pétiole marqué
• Dimensions : jusqu'à 50 cm de long et 20 cm de large
• Persistantes (ne tombent pas en saison sèche) et opposées
• Coriaces (épaisses) et vernissées
• Face supérieure brillante et face inférieure plus claire
• Forme elliptique-lancéolée ou oblancéolée
• Présence fréquente de grosses galles causées par des ravageurs

Fleurs

• Inflorescences en grappes portant de 4 à 10 fleurs, apparaissant directement sur le tronc (cauliflorie) et le long des branches matures sans feuilles
• Fleurs abondantes, légèrement parfumées
• Pétales de couleur rose à rouge.
• Étamines nombreuses (environ 100), très visibles, formant de jolis pompons colorés.

Fruit

• Forme de poire (forme obovoïde)
• Dimension : de 5 à 10 cm de longueur et 2 à 8 cm de largeur à leur point le plus large. 
• Poids variant entre 40 et 60 g.
• Peau fine, lisse, de couleur rouge vif dans la majorité des cas, mais peut aussi être blanc-jaune selon les variétés.
• Chair est blanche, juteuse et croquante. Elle peut être insipide ou délicatement sucrée, selon les arbres et les conditions de culture.
• À maturité, le fruit dégage un léger parfum de rose.
• Les fruits sont appréciés des roussettes, qui participent à leur dissémination (5)

Graine

• La plupart des fruits contiennent une seule grosse graine ronde, d’environ 2 cm de diamètre.
• Il existe aussi des fruits aspermes, c’est-à-dire sans graine, bien que plus rares.

Le pommier kanak se multiplie assez facilement par diverses méthodes : semis, bouturage, marcottage et greffage.

Semis

• Les graines doivent être semées fraîches, juste après avoir été extraites du fruit, car elles perdent rapidement leur viabilité.

• Le phénomène de polyembryonie (plusieurs plantules issues d’une même graine) est courant dans le genre Syzygium et a été observé chez la pomme kanak.

• Croissance par à-coups

• La période juvénile (avant la première fructification) varie de 3 à 7 ans.

Marcottage, greffage

• Le marcottage aérien est une technique efficace, couramment utilisée en Asie du Sud-Est.

• Pour le greffage :

  • ➔ La méthode Forkert modifiée (greffon et porte-greffe restent soudés un certain temps avant séparation) est recommandée.

  • ➔ Les porte-greffes peuvent être issus de semis de Syzygium malaccense ou d’autres espèces du genre.

  • ➔  À Java, on utilise notamment Syzygium pycnanthum (jambu klampok ou kopo) comme porte-greffe en raison de sa robustesse et de sa résistance aux termites (1).

• Le marcottage aérien est couramment pratiqué en Asie du Sud-Est.
• La méthode Forkert modifiée est recommandée pour le greffage. Les plants issus de semis de la même espèce ou d'autres espèces de Syzygium sont utilisés comme porte-greffes. À Java, le « jambu klampok » ou « kopo » Syzygium pycnanthum est recommandé comme porte-greffe, car il est robuste et résistant aux attaques de termites (1).

Bouturage

• Le bouturage de tête ou de tronçons semi-ligneux donne de bons résultats :

  • ➔ Durée d’enracinement : 2 à 3 mois

  • ➔ Premières floraisons au bout de 5 ans en conditions optimales (5).

Floraison

• En Nouvelle-Calédonie, floraison principale : de novembre à janvier, mais le calendrier peut varier légèrement d'une année à l'autre.

• Une deuxième floraison est parfois observée dans l’année, selon les conditions climatiques.

• Il semble que l'arbre ait besoin d'une stimulation pour fleurir, notamment une période humide qui suit une période sèche.

• Dans les Caraïbes et au Brésil, le pommier kanak peut fleurir deux à trois fois par an (1).

Fructification

• Les fruits mûrissent environ 60 jours après l'ouverture complète des fleurs, soit en général de janvier à avril.

Il existe deux grandes variétés de pommier kanak :

• Une variété à fleurs blanches ;

• Une variété à fleurs rouges.

Exigences environnementales

• Plein soleil recommandé, mais l’arbre supporte aussi très bien l’ombre légère (5).

• Planter à l’abri des vents dominants pour éviter la casse des jeunes branches.

Sol et plantation

• Espacement recommandé en verger : 6 à 8 mètres entre les arbres.

• Désherbage régulier au pied des jeunes arbres pour limiter la concurrence racinaire.

• Paillage conseillé pour conserver l'humidité du sol et limiter la pousse des adventices.

Eau et irrigation

• Arrosages réguliers recommandés, surtout pendant les premières années, pour favoriser une croissance rapide.

Entretien

• Les arbres nécessitent peu d’entretien une fois bien implantés.

• Des pincements peuvent être réalisés pour maintenir un port harmonieux (8).

• Les arbres produit par bouturage commencent à produire des fruits au bout de 3 à 5 ans.

• Des rendements de 20 à 85 kg de fruits par arbre et par an sont rapportés en Asie.

• Cueillette à la main, avec délicatesse

• Une fois complètement mûrs, les fruits tombent rapidement et se détériorent très vite. 

• Les fruits sont généralement consommés tout de suite après leur cueillette, car ils se conservent mal.

• Les fruits sont essentiellement destinés à l'autoconsommation, avec de rares ventes sur les marchés de proximité.

• Mouches des fruits

• Papillon piqueur de fruits

Pour en savoir plus sur les méthodes de lutte agroécologiques, consulter les fiches Agripedia :

• Mouches de fruits

• Papillon piqueur de fruits

Cette fiche a été réalisée grâce au soutien financier de l'Agence rurale dans le cadre de son appui au développement de la filière « Plantes comestibles, fruits et légumes de diversification ».

En juin 2024, l'Agence rurale et l'Institut agronomique néo-calédonien (IAC) ont signé une convention de partenariat en juin 2024 pour la réalisation et intégration d'une trentaine de fiches techniques variétales dans Agripedia. L'objectif est ainsi de contribuer à l’amélioration de la couverture alimentaire du pays en proposant des produits locaux originaux, de haute qualité nutritionnelle et adaptés aux conditions pédoclimatiques de la Nouvelle-Calédonie.

L'équipe d'Agripedia et de l'IAC remercient chaleureusement l'Agence rurale pour son précieux soutien !

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